Lorsque des groupes d’activistes radicaux viennent frapper à la porte, l’instinct de la plupart des dirigeants d’entreprise est de suivre les sentiers battus de la moindre résistance. Calmer le jeu, concéder, capituler – amadouer les fauteurs de troubles et les chasser vers leur cible suivante.
Leur comportement menaçant est devenu si effronté, et l’expérience est courante pour tant de grandes entreprises mondiales. Ainsi va le cycle de l’intimidation : usage de campagnes trompeuses, exigences vagues, changement constant des règles et absence totale de fondement scientifique – le tout avec une rhétorique enflammée pour inciter à faire des dons. Les entreprises se trouvent devant une alternative : capituler ou voir des diffamations et fausses déclarations salir leur réputation.
Greenpeace, l’un de ces groupes parmi les plus importants et agressifs, utilise une technique de détournement (brand-jacking) pour usurper l’identité de marques populaires dans le but de porter atteinte à leur image. Sur son site Web, Greenpeace se vante de la vitesse à laquelle les sociétés capitulent, même celles de taille, malgré le fait que les campagnes de dénigrement se fassent au vu et au su de tous. Sa liste de cibles est un véritable bottin des sociétés chefs de file.
[...]
Mais lorsque Greenpeace et ses alliés ont ciblé notre Société, nous avons décidé d’y mettre un terme, en défendant notre intégrité avec détermination et sans complaisance.
Créateurs de crise
Résolu est l’une des plus importantes sociétés de produits forestiers de l’Amérique du Nord...Tout ce que nous fabriquons provient d’une ressource naturelle parmi les plus renouvelables qui soient, les arbres. Et malgré les nombreux prix lui ayant été décernés à l’échelle nord-américaine et mondiale pour son leadership en matière de développement durable, notre Société s’est retrouvée au centre d’une campagne de salissage cynique qui dure depuis des années, menée par de grandes organisations d’activistes bien financées, Greenpeace et ses alliés.
Il y a des ONG consciencieuses dont la cause est vertueuse; d’autres existent strictement pour employer des moyens de pression et collecter des fonds au moyen de publicités tapageuses – après tout, créer des crises est leur raison d’être.
Voilà exactement pourquoi nous nous sommes tout d’abord sentis obligés de tenir tête à l’intimidation des activistes écologiques. C’est une chose pour les groupes d’activistes de participer au débat, mais c’en est une autre de nous menacer effrontément, nous et nos clients, par le biais d’une liste nébuleuse de crimes imaginaires qui n’ont aucun lien mesurable ni explicable avec la réalité. C’est simplement le modèle que Greenpeace et ses alliés utilisent pour continuer à faire marcher la grosse machine de financement qu’ils sont devenus.
Pour vous donner une idée, prenons uniquement Greenpeace à l’échelle mondiale, dont les recettes totales pour 2014 se sont établies à plus de 297 M€, soit à 409 M$ à cette époque. Plus du tiers de ce montant, 147 M$ US, est allé aux « dépenses de financement », et une autre portion de 63 M$ US aux salaires, avantages sociaux et dépenses d’exploitation. On ne tient pas compte ici des frais requis pour entretenir et exploiter le gros coffre de jouets d’entreprise coûteux et à fortes émissions de carbone, incluant des hélicoptères et une petite flotte.
Pour couvrir de tels frais généraux, Greenpeace n’a d’autre choix que d’allouer ce qui reste de son budget aux campagnes présentant le plus fort potentiel avéré de financement.
Le modus operandi est toujours le même parce que la plupart des campagnes militantes sont menées selon les mêmes méthodes, qui peuvent comprendre des tactiques telles que se faire passer pour des employés, présenter des photos trompeuses ou retouchées, faire d’innombrables publicités idiotes et utiliser sélectivement des résultats pseudo-scientifiques. Greenpeace avait accidentellement dévoilé ces tactiques il y a quelques années, alors qu’avait circulé cette fameuse ébauche de fiche d’information qui indiquait « Compléter par une pseudo-information apocalyptique ici ».
La conciliation ne fait qu’étendre leur pouvoir
Trop nombreux sont les dirigeants qui, lorsqu’ils ont affaire à de mauvais joueurs comme ceux-là, veulent calmer le jeu et être accommodants, fuir la moindre controverse et éviter d’être une cible. Qu’importe que des activistes irresponsables inventent des faits ou agissent sans scrupule ou pour leur propre intérêt. Il est plus facile de capituler, de payer et de les amadouer.
Mais il n’y a rien comme agir correctement. Dans ce cas-ci, ne pas condamner revient à fermer les yeux. En qualité de dirigeants d’entreprise, nous avons la responsabilité collective, non seulement de protéger l’avenir de notre Société, mais aussi de défendre la viabilité à long terme des collectivités où nous sommes présents ainsi que le gagne-pain de nos employés. Il s’agit là de principes fondamentaux d’une bonne gouvernance d’entreprise.
C’est pour cette raison qu’en mai dernier, nous avons poursuivi Greenpeace et ses alliés en Cour fédérale en vertu de la loi RICO. Mais comme il est fréquent chez les groupes intimidateurs, dès que nous les avons forcés à étayer leurs allégations, ils ont commencé à changer de discours.
[...]Greenpeace et ses alliés ont, bien sûr, eu recours à des contorsions rhétoriques pour expliquer ces revirements soudains, y compris au rôle de martyrs de la liberté d’expression. Il est peu probable que cela fonctionne. Devant un tribunal et l’opinion publique, de fausses déclarations non fondées faites sciemment ne sont pas du ressort de la liberté d’expression. Naturellement, dans un courriel aux fins de financement envoyé à ses partisans, Greenpeace a qualifié notre poursuite de « plus grande menace de [nos] 45 ans d’existence ». Elle a renchéri la semaine dernière au moyen d’une vidéo de financement dans laquelle elle affirme que cette poursuite pourrait « faire disparaître Greenpeace ».
Des parties prenantes et des partenaires diversifiés et nombreux ont soutenu publiquement la position de principe de Résolu – syndicats et travailleurs, élus régionaux et nationaux, membres des collectivités des Premières Nations et simples citoyens. Ils ont écrit des lettres, participé à des campagnes de publipostage et à des assemblées publiques locales, et même manifesté dans les rues. Il a été impressionnant de constater que plus de 500 municipalités ont pris formellement position contre la désinformation menée par les activistes.
Résolu, ses parties prenantes et ses partenaires affrontent les activistes parce qu’il s’agit d’une obligation morale et éthique. Nous ne sommes pas seuls. D’autres sociétés ont démontré leur engagement à l’égard d’un rendement responsable et durable, et elles devraient aussi avoir le courage de leurs convictions.
-Seth Kursman, vice-président chez Produits forestiers Résolu, The Federalist (5/15/2017)